Ma mère est décédée pendant la pandémie du COVID. Elle a vécu ses derniers jours dans une maison de retraite médicalisée que j'aurais aimé pouvoir mieux apprécier à l'époque. L'établissement était correct avec des employés pour la plupart dévoués et gentils, qui méritaient un salaire et une reconnaissance bien supérieurs à ce qu'ils recevaient... Pourtant, les résidents avaient souvent l'air tellement abandonnés qu'il était difficile de ne pas ressentir de la tristesse. C’était l’endroit idéal pour nous rappeler notre destination finale, notre finitude !
Je me rebellais contre cette nouvelle facette de la personnalité de ma mère car elle avait changé radicalement depuis son diagnostic de démence. J'étais hantée par le souvenir de la personne qu'elle avait été pendant la plus grande partie de sa vie : une femme qui contrôlait la situation, toujours droite dans sa dignité. Elle avait été une merveilleuse enseignante, bibliothécaire, conteuse et chanteuse ; elle avait aussi toujours son chapelet avec elle ! Elle aurait été horrifiée de voir la nouvelle personne qu'elle était devenue !
Pourtant, quand j’allais la visiter dans sa maison de retraite, elle me disait qu'elle aimait prier toute la journée : « C'est tout ce que je sais faire maintenant ! » Elle avait acquis une innocence que l'on ne voit que chez les personnes totalement vulnérables. En plus des maladies physiques et de sa perte de mémoire, elle était devenue suffisamment vide d’elle-même que le Saint-Esprit semblait rayonner en elle comme jamais auparavant tant elle était paisible et accueillante !
Mon mari était très admiratif en même temps qu’étonné de l'attitude si positive de ma mère en cette dernière période de sa vie. « Comment faites-vous pour rester joyeuse ? », lui a-t-il demandé un jour avant notre départ. « La Bienheureuse Vierge Marie fait tout pour moi », a-t-elle répondu sans la moindre hésitation. Lui et moi avons été surpris et émus par la facilité et l'immédiateté de sa réponse.
Nous la citons souvent. En effet, il me semble juste que quelqu'un comme ma mère, qui a longtemps consacré sa vie à Marie, soit accompagné par elle à la fin de sa vie. Une Marie dont nous oublions trop souvent qu'elle avait un corps sur terre, une femme qui avait connu intimement non seulement sa propre finitude, mais aussi celle d'un fils bien-aimé suspendu à une croix.
Jane Mc Cafferty