En dix jours, les guides de haute montagne Guillaume Pierrel et Lucien Boucansaud, à 38 et 27 ans respectivement, ont enchaîné un total de 130 kilomètres et 16.000 m de dénivelé pour gravir les sept sommets du massif du Mont-Blanc (Alpes françaises) où trônent des statues de la Vierge Marie.
« Nous ne sommes pas chrétiens pratiquants, explique Guillaume Pierrel auprès du Figaro, mais nous voulions aller sur les traces de ces hommes qui ont installé ces statues, animés par une foi qui traduisait des valeurs et un amour de la montagne et de sa beauté ». Les deux amis sont partis de l'église de Courmayeur, côté italien, et sont arrivés à Chamonix.
Depuis l'âge d'or de la conquête des sommets au XIXe siècle, qui fut aussi le grand siècle marial par excellence, plusieurs madones ont été hissées à dos d'hommes sur sept sommets du massif du Mont-Blanc. La dernière en date a été installée au petit clocher du Portalet par un guide qui a d'ailleurs accompagné la cordée des deux Français dans l'ascension de ce sommet. Les deux alpinistes avaient planifié un itinéraire rigoureux. Ils ont notamment escaladé les mythiques sommets de l'Aiguille Noire de Peuterey, de la Dent du Géant, ou encore des Drus et du Grépon.
« Parfois, en montagne, il y a une petite madone qui est là, qui nous regarde et nous protège », rapporte aussi Guillaume. Et chaque fois, ces vierges silencieuses, ces dames d'en haut les ont accueillis, comme une rencontre « réconfortante ». « Ces madones sont belles, elles transforment la montagne en sanctuaire », ajoute Lucien.
Les deux alpinistes avaient opté pour redescendre chaque soir en vallée, dans un esprit d'ascension légère et très rapide. « Cela nous a permis de ne pas être dans les gros cumulus chargés de pluies ». Et sans doute d'éviter également les nuages chargés d'électricité. Les Vierges tranquilles témoignent d'ailleurs de ces violents orages de haute montagne où il vaut mieux ne pas s'être attardé dans les hauteurs. « Elles ont souvent des impacts de foudre au niveau de la tête ».
« Le projet est né suite à un bivouac au sommet du Grépon », raconte Lucien qui avoue son coup de cœur. « C'est la plus belle des Vierges, la reine des madones, elle porte une couronne et veille sur la vallée ». Cette statue a été installée par le célèbre Ravanel, dans les années 1920. Très croyant, il avait fait le vœu après une mésaventure en haute montagne où il avait failli perdre la vie, d'installer une Vierge au sommet de cette majestueuse pointe rocheuse. Une importante expédition accompagnée d'un prêtre avait hissé la statue en bronze au sommet du Grépon !