6 septembre – Italie : Notre Dame des Larmes (1553)

« Va à Madhu et fais-toi chrétien »

iStock/Getty Images Plus/witsarut sakorn
iStock/Getty Images Plus/witsarut sakorn

Un jour, en Inde, un jeune homme, adepte du dieu Siva, vient demander au père Collin, missionnaire oblat, de l’admettre dans la religion catholique. Il s’explique de la sorte:

– « J’étais aide-maçon. Un éclaboussement de chaux me brûla les yeux. Désolé de me trouver aveugle, je me recommandai à tous nos dieux hindous, mais sans résultat. Une dame, très belle, se montra alors aux yeux de mon âme et me dit : Va à Madhu et fais-toi chrétien.

Je ne savais pas ce qu’était Madhu, ni le fait d’être chrétien et je ne me souciais pas de l’apprendre. La dame revint et me répéta : Va à Madhu et fais-toi chrétien. Je restai encore inactif. Mais une troisième fois la dame reparut et me dit avec force : Va à Madhu et fais-toi chrétien. Sinon, tu es perdu pour toujours dans ce monde et dans l’autre’. Alors j’eus peur, m’informai et me fis conduire à Madhu. Je mis de la terre sur mes yeux et la vue me revint complètement. Maintenant, père, instruis-moi et baptise-moi. »

Un peu plus tard, le prêtre apprit que son jeune homme se conduisait mal et le fit venir : « Comment ! Tu offenses si gravement le bon Dieu après tant de promesses ? » – « Mais, je n’ai rien à me reprocher, père. Le jeune prêtre qui t’a remplacé un moment m’a dit que je pouvais agir de cette façon. La fille, qui était ma fiancée, refusait de renoncer au sivaïsme pour devenir ma femme. Car j’y avais mis ma condition. Alors j’ai demandé au jeune prêtre si elle pouvait cuire mon riz quand même. Il m’a répondu : « Oui, elle peut cuire ton riz. De quoi me blâmes-tu donc ? »

– « Malheureux ! C’est que ce jeune prêtre n’était pas encore au courant des tours de votre langage. Il croyait qu’il ne s’agissait que de préparer ton repas. S’il avait su que cuire le riz de quelqu’un voulait dire vivre avec lui comme si on était mariés, il ne t’aurait jamais approuvé. Quitte au plus tôt cette créature et remets-toi à ton devoir. Sans quoi, la sainte Vierge pourrait bien regretter de t’avoir guéri et te le faire savoir.» Santiago – c’était le nom qu’il avait choisi au baptême – promit mais ne tint pas sa promesse.

Aussi la menace du prêtre se réalisa-t-elle : il redevint aveugle. Mais il retourna à Madhu, se confessa, reprit sincèrement ses résolutions, remit sur ses yeux la terre miraculeuse et la vue lui fut à nouveau rendue. Vingt ans après, le père Collin rencontra Santiago. Il ne s’était pas marié, parce que la jeune hindoue, la seule qu’il aimait, s’était obstinée dans son paganisme ; mais il vivait, en effet, en bon chrétien.

André Dorval, OM

www.omiworld.org

S'abonner est facile, se désabonner également
N'hésitez pas, abonnez-vous maintenant. C'est gratuit !