Le père Godard SJ, missionnaire au Liban au XIXe siècle, a écrit : « Le Liban est le seul pays au monde qui ait mérité, par sa beauté et son charme, cette comparaison avec Marie, la plus rayonnante des créatures ».
Notre Dame, ou Adra (Vierge) comme on l'appelle affectueusement, est souvent sur les lèvres des Maronites : avant ou après la célébration de la Divine Liturgie, les fidèles ont l'habitude de vénérer son icône et de réciter le Ziah al-Adra, un hymne traditionnel qui l'honore en tant que Mère de Dieu. Le rosaire et les litanies sont fidèlement récités.
Mais d'où vient cette dévotion et pourquoi est-elle si ancrée dans notre spiritualité ? Chez tous les saints maronites, Marie était au centre de leur spiritualité.
Saint Charbel, ermite et prêtre angélique, aimait profondément la Vierge. À 23 ans, il quitta secrètement sa maison pour devenir moine, sans même dire au revoir à sa mère qu'il aimait tant. Charbel choisit d'habiter la maison de Dieu pour accomplir l'œuvre de son Père. Marie devint sa mère, au moment où il avait tout quitté pour servir Dieu. En tant que moine et ermite, il priait le rosaire tous les jours, et la simple mention du nom de Marie lui réchauffait le cœur. Il consolait les malades et les mourants en leur disant : « N'es-tu donc pas l'enfant bien-aimé de la Mère Immaculée ? »
Nous voyons une dévotion similaire dans la vie de la religieuse sainte Rafqa. Comme elle perdit sa mère très jeune, la Vierge devint sa mère et son guide en toutes choses. Rafqa imita l'obéissance et le sacrifice de Marie tout au long de sa vie. Avec le psalmiste, elle pouvait dire : « Je prends plaisir à faire ta volonté, ô mon Dieu, ta loi est au fond de mon cœur » (Psaume 40, 8). Comme Marie, elle est demeurée fidèlement au pied de la croix du Christ, souffrant de maux de tête constants, de cécité et de paralysie pendant près de 30 ans.
La spiritualité de saint Nehmetallah s'est également construite autour de son amour pour Jésus et de sa dévotion à la Sainte Mère. Ses frères moines l'observaient souvent prier le rosaire à genoux dans la chapelle, totalement absorbé par la méditation.
Depuis les premiers temps de l'Église, les chrétiens cherchent à imiter des guides spirituels dans leur cheminement avec Jésus. Saint Paul disait aux Corinthiens : « Soyez mes imitateurs, comme je le suis du Christ» (1 Co 11, 1). Si saint Paul est digne d'être imité, combien plus l'est Marie, celle qui a porté Jésus et l'a élevé ?
Joseph Boulos, 24 juin 2023