Tous les âges de l’Église sont marqués par les combats et les glorieux triomphes de l’auguste Marie. Depuis que le Seigneur a soufflé l’inimitié entre elle et le serpent, elle a constamment vaincu le monde et l’enfer.
Toutes les hérésies, nous dit l’Église, ont incliné le front devant la très Sainte Vierge, et peu à peu elle les a réduites au silence du néant. Or, aujourd’hui, la grande hérésie régnante est l’indifférence religieuse, qui va engourdissant les âmes dans la torpeur de l’égoïsme et le marasme des passions.
Le puits de l’abîme vomit à grands flots une fumée noirâtre et pestilentielle, qui menace d’envelopper toute la Terre dans une nuit ténébreuse, vide de tout bien, grosse de tout mal, et impénétrable pour ainsi dire aux rayons vivifiants du Soleil de justice. Aussi, le divin flambeau de la foi pâlit et se meurt dans le sein de la chrétienté ; la vertu fuit, devenant de plus en plus rare, et les vices se déchaînent avec une effroyable fureur. Il semble que nous touchons au moment prédit d’une défection générale et comme d’une apostasie de fait presque universelle. Cette peinture si tristement fidèle de notre époque est loin toutefois de nous décourager.
La puissance de Marie n’est pas diminuée. Nous croyons fermement qu’elle vaincra cette hérésie comme toutes les autres, parce qu’elle est, aujourd’hui comme autrefois, la Femme par excellence, cette Femme promise pour écraser la tête du serpent ; et Jésus-Christ, en ne l’appelant jamais que de ce grand nom, nous apprend qu’elle est l’espérance, la joie, la vie de l’Église et la terreur de l’enfer. À elle donc est réservée de nos jours une grande victoire ; à elle appartient la gloire de sauver la foi du naufrage dont elle est menacée parmi nous.
Père Joseph Chaminade (1761-1850), marianiste
Lettre du 24 août 1839
Et aussi : Notre Histoire avec Marie