Deuxième ville de l’Irak après la capitale Bagdad, Mossoul – l’ancienne Ninive – est bordée par le Tigre, ce grand fleuve qui délimite en partie la Mésopotamie. La ville était promise à la destruction du fait de l’impiété de ses habitants, mais ces derniers, frappés par l’appel à la conversion lancé par le prophète Jonas (qui sortait de la baleine), décidèrent de se repentir.
Vingt-huit siècles plus tard, les habitants de 2014 n’auront pas cette chance. Occupée et devenue capitale de l’État islamique, vidée de ses habitants chrétiens et yézidis, la ville fut ensuite bombardée et quasiment entièrement détruite par la coalition occidentale menée par les États-Unis.
Au centre de la ville se trouve une église appelée Notre-Dame de l’Heure qui jouxte un couvent dominicain du même nom, également connu localement sous le nom d’Al-Saa’a. Ce nom surprenant provient de l’horloge qui orne le clocher de l’église et qui date de 1882. Financée par l’impératrice Eugénie de Montijo, épouse de Napoléon III, l’horloge a donné son nom au quartier.
Dès son origine, ce couvent avait trois dimensions : religieuse, culturelle et sociale. Il comprenait une église, un séminaire, une école pour les garçons et une pour les filles ainsi qu’un hôpital et enfin, plus tard, une école d’institutrices. Le couvent fut aussi le siège de la première imprimerie moderne de Mésopotamie, les dominicains ayant notamment publié la première version arabe de la Bible et le premier livre de grammaire kurde.
Après le pillage et le saccage opérés par l’État islamique, il a fallu songer à la reconstruction. En mars 2020, l’UNESCO a lancé la phase préparatoire de la reconstruction, en étroite collaboration avec l’ordre dominicain et les autorités irakiennes, suivie de la phase active à partir de mars 2022.
L’accent a été mis sur l’horloge mais l’église est bel et bien dédiée à la Vierge Marie, honorée à la fois par les chrétiens de Mossoul mais aussi par leurs voisins musulmans. C’est elle qui donne le tempo et c’est à elle que nous confions l’avenir des Chrétiens d’Irak.
Marc Fromager