Si le tableau de Marie qui défait les nœuds suscite un tel émerveillement, ce n’est pas seulement parce qu’il est beau, mais aussi parce qu’il recèle un contenu théologique important, qui le charge d’une valeur symbolique forte et permet de guider toute prière.
Ce tableau qui fait mémoire d’une histoire singulière, puisqu’il a été conçu comme un ex-voto pour remercier d’une grâce matrimoniale reçue par un couple miraculeusement sauvé du divorce, prend une valeur d’exemplum, de modèle, pour tout homme traversant une épreuve. On appelle exemplum dans la littérature, qu’elle soit profane ou sacrée, une petite histoire, dont la forme peut être celle du conte, de la fable ou de la parabole. Ce genre, que l’on nomme « apologétique », recèle une force argumentative d’une grande puissance. C’est ainsi que Jésus nous enseigne dans l’Évangile par le biais de paraboles, grâce à une histoire dont le contenu symbolique nous est livré lors de l’interprétation de cette parabole. L’exemplum a donc pleine valeur argumentative et la littérature regorge de fables, contes et autres apologues qui ont pour but de nous enseigner à partir d’une histoire.
C’est sans doute pour cette raison également que ce tableau, qui recèle cette valeur exemplaire, touche tant ceux qui le contemplent.
On pense que Hieronymus Ambrosius Langenmantel travailla avec J. G. M.
Schmidtner sur les symboles qu’il voulait voir figurer sur le tableau, ce qui permit à l’artiste d’ancrer son œuvre dans la tradition iconographique qui concerne la Vierge Marie, et de lui conférer une dimension théologique remarquable.
Isabelle Rolland. Marie qui défait les nœuds. D’un “miracle conjugal” à une dévotion universelle. MDN 2022.