En 1986, le père jésuite Jorge Mario Bergoglio, futur pape François, était rentré de son séjour à Francfort, en Allemagne, où il avait passé quelques mois dans le dessein de rassembler des documents pour sa thèse de doctorat, qu’il souhaitait consacrer au grand théologien et philosophe de la religion Romano Guardini (1)
À l’époque, « Padre Jorge » vivait donc à Buenos Aires et traversait de nombreuses difficultés. Après avoir été provincial de la Compagnie de Jésus pendant douze années, il avait été démis de ses fonctions et était maintenant simple professeur de théologie pastorale à l’Université du Colegio Máximo San José de San Miguel. Il vivait dans une modeste chambre au Collège, et était éloigné des décisions de la Compagnie de Jésus.
C’est dans ce contexte difficile qu’il reçut d’une religieuse allemande une carte de Noël sur laquelle était reproduit le tableau de J. G. M. Schmidtner représentant Marie qui défait les nœuds. Il fut séduit par cette œuvre d’art, qui l’enthousiasma :
« Les nœuds de la vie doivent être remis dans les mains de la Mère de Jésus, la Mère de tous ceux qui se confient à elle. Elle se chargera de les défaire. Il suffit d’avoir la foi. »
Il faut dire que le pape François avait toujours manifesté un grand amour envers la Vierge Marie. Une dévotion transmise par sa famille et soutenue par différentes autres dévotions, personnelles et locales : à Notre Dame de Grâce, à Notre Dame Auxiliatrice, mais aussi à la Vierge des Miracles de Santa Fe, patronne de la Compagnie de Jésus dans la province uruguayenne, à Notre Dame de Luján, patronne de l’Argentine, etc.
C’est dans le creuset de cette longue histoire mariale, à la fois personnelle et collective, que naquit la dévotion, propulsée avec force par celui qui, 27 ans plus tard, deviendra Pape sous le nom de François.
Isabelle Rolland. Marie qui défait les nœuds. D’un “miracle conjugal” à une dévotion universelle. MDN 2022.
(1) Cette thèse ne sera malheureusement pas achevée.