Dieu a vu notre indignité et incapacité à nous approcher de Lui, car notre fond est si corrompu, que pour arriver à Lui plaire, tous nos travaux, industries, préparations ont peu de poids devant Lui. Pour avoir accès auprès de la Majesté, nous devons paraître appuyés et revêtus des mérites d’un avocat parfait et d’un médiateur suprême. Cet avocat, ce médiateur suprême, c’est et ne peut être que Notre-Seigneur Jésus-Christ. Mais n’avons-nous pas besoin d’un médiateur auprès du Médiateur même ?
Notre pureté est-elle assez grande pour nous unir directement à Lui et par nous-mêmes ? N’est-il pas Dieu, en toutes choses égal à son Père ? Saint Bernard nous montre le chemin sûr et ferme, il nous dit que « c’est par Marie que Jésus nous est venu, et c’est par elle que nous devons aller à Lui ». Marie est notre Mère, elle qui reçoit la lumière divine et qui la tempère pour la rendre conforme à notre petite portée. Elle est si charitable qu’elle ne rebute personne de ceux qui demandent son intercession, quelque pécheurs qu’ils soient ; car, comme le disent les Saints, « il n’a jamais été ouï dire, depuis que le monde est monde, qu’aucun ait eu recours à la Sainte Vierge avec confiance et persévérance, et en ait été rebuté ». Elle est si puissante que jamais elle n’a été refusée dans ses demandes ; elle n’a qu’à se montrer devant son Fils pour le prier : aussitôt, Il accorde, aussitôt Il reçoit ; et Il est toujours amoureusement vaincu par les prières de sa très chère Mère.
Selon saint Bernard et saint Bonaventure, nous avons trois degrés à monter pour aller à Dieu : le premier, le plus proche et le plus conforme à notre capacité, c’est Marie, notre Médiatrice d’intercession ; le second, est Jésus-Christ, notre Médiateur de Rédemption ; et le troisième est Dieu le Père.
Mais pourquoi est-il si difficile de conserver en nous les grâces et trésors que nous avons reçus de Dieu ? Parce que nous avons ce trésor dans de fragiles valises, dans un corps corruptible, dans une âme faible et changeante. Mais, dirions-nous, d’où vient cet étrange changement ? Ce n’a pas été faute de grâce ? Non, mais faute d’humilité, de se croire plus fort et suffisant qu’on ne l’est, capable de garder seul son trésor, s’appuyer sur soi-même ; c’est de cet appui imperceptible que l’on a de soi, que le Seigneur très juste permet que l’on soit volé, nous délaissant à nous-mêmes.
Si nous avions connu la dévotion admirable à Marie, nous aurions confié notre trésor à cette Vierge puissante et fidèle, qui nous l’aurait gardé comme son bien propre, et même s’en serait fait un devoir de justice. C’est la Vierge fidèle, dans laquelle le serpent n’a jamais eu de part, qui fait ce miracle à l’égard de ceux et celles qui l’aiment de la belle manière.