« Le Verbe s'est fait chair » ne signifie pas que la nature divine ait été changée en chair, mais que le Verbe a pris une chair dans l'unité d'une seule personne ; et, sous le nom de chair, il faut comprendre l'homme tout entier, auquel le Fils de Dieu s'est uni dans les entrailles d'une vierge féconde par l'Esprit-Saint et restée toujours vierge ; union si intime que celui que le Père engendre de son essence en dehors du temps est, dans le temps, né du sein virginal.
Nous n'aurions pu être délivrés des liens de la mort éternelle s'il ne s'était fait humble dans notre condition, celui qui demeurait tout-puissant dans la sienne.
C'est pourquoi Notre-Seigneur Jésus-Christ, en naissant vraiment homme sans cesser jamais d'être vraiment Dieu, a réalisé en lui les prémices d'une nouvelle création, et a donné au genre humain un principe spirituel à la ressemblance de sa propre naissance : pour abolir la contamination de la génération par la chair, il fallait aux hommes à régénérer une origine exempte de souillure, à eux dont il est dit « qu'ils ne sont point nés du sang, ni du désir de la chair, ni de celui d'un homme, mais qu'ils sont nés de Dieu » (Jn 1,14).
Quel esprit pourrait comprendre ce mystère, quelle langue célébrer ce bienfait ?
L'iniquité retrouve l'innocence, le renouveau remplace la vétusté, des étrangers reçoivent l'adoption, et ceux qui n'y étaient pas appelés ont part à l'héritage.
Les impies deviennent justes, les avares bienfaisants, les débauchés chastes, des hommes terrestres se muent en hommes célestes.
Qu'est-ce que cette métamorphose, sinon l'œuvre de la droite du Très-Haut (Ps 76,11) ?
Saint Léon le Grand, 7e sermon de Noël 1-2, Sources Chrétiennes 22 par J. LECLERCQ, Cerf, Paris, 1947, p. 139-141
Et aussi : L'Encyclopédie Mariale