C’est un événement mystérieux et décisif. Il est entouré de mystère, car il eut pour seul témoin l’acteur principal, Marie.
Tout ce que nous savons de cet épisode, nous le tenons de Marie qui l’a raconté à saint Luc, qui l’a rapporté au début de son évangile. Les protagonistes de la scène eux aussi sont mystérieux, inhabituels : un ange qui s’adresse à Marie, le Saint-Esprit qui vient la prendre sous son ombre. On a le sentiment que c’est le Ciel tout entier qui s’invite dans la maison de Nazareth.
Mystérieux enfin dans son effet : Marie conçoit un fils sans l’intervention d’un homme. Là où le cours normal des choses demande l’union charnelle entre l’homme et la femme, Dieu a voulu qu’une vierge enfante. Ce miracle est l’accomplissement d’une très ancienne prophétie messianique : « Le Seigneur lui-même vous donnera un signe : voici que la Vierge a conçu et elle enfante un fils et on lui donne le nom d’Emmanuel » (Isaïe 7, 14). « Emmanuel » signifie Dieu avec nous. Car en effet ce Jésus que Marie porte est lui-même un grand mystère : un Dieu qui a pris notre chair.
L’événement est décisif, car il représente la réponse des hommes au projet de Dieu. Dieu a voulu que son plan de salut, la venue de Jésus, soit suspendu à la réponse d’une jeune fille, la Vierge Marie : « Fiat mihi »… « qu’il me soit fait selon votre parole », répond Marie à l’Ange. Ayant ouvert le chemin de son cœur, Marie a aussi ouvert celui de son corps : elle a d’abord conçu Jésus dans son âme par la foi, avant de le concevoir dans son sein selon la chair.
Dieu a voulu que le salut entrât dans le monde par le vouloir d’une femme, Marie, comme le péché était entré dans le monde par le vouloir d’une femme, Ève. Ève, la « mère des vivants », fut une cause de mort pour l’humanité, car, par elle, Adam a péché et le péché originel fut transmis à tous les hommes. Marie, la mère des croyants, est une cause de vie pour l’humanité, car, par elle, le nouvel Adam, Jésus-Christ, est venu dans le monde pour ôter le péché et rendre à tous les hommes l’amitié de Dieu.
Le dialogue entre l’ange et Marie à Nazareth est le miroir inversé du dialogue entre Ève et le serpent dans le jardin d’Éden. À la désobéissance d’Ève, Marie oppose l’obéissance à Dieu : « Je suis la servante du Seigneur. » C’est par cette obéissance que s’est levée sur le monde l’aurore du salut et la joie de l’humanité.
Père Augustin-Marie
Actuailes n° 113 – 25 mars 2020