Joseph a exercé sa tâche paternelle dans l’abnégation, à partir d’un double renoncement : en premier lieu, un renoncement à la paternité naturelle vis-à-vis de Jésus qui n’est pas engendré de sa chair ; en second lieu, un renoncement à l’union charnelle vis-à-vis de Marie, puisqu’elle a conçu sans lui, par l’opération du Saint Esprit. C’est à l’intérieur de ce double renoncement que Joseph devient le père nourricier du Fils du Père éternel. En Jésus, Dieu a voulu obéir à un homme. Jésus obéit à Joseph qui lui-même, obéit au Père. Joseph connaissait la supériorité de son inférieur. Et c’est à l’intérieur de cette connaissance que se niche sa profonde humilité.
En lui conférant le nom de Jésus, comme le rapporte saint Matthieu (première annonce de la Bonne Nouvelle) ; en faisant couler les premières gouttes de sang de Jésus lors de sa circoncision, en prélude à sa Passion ; en sauvant l’auteur du Salut de la colère d’Hérode par la fuite en Égypte, Joseph initie providentiellement son fils adoptif à sa mission rédemptrice, à sa vocation sacrificielle et sacerdotale. Mais il exerce cette mission prophétique toujours à l’arrière scène en s’effaçant de plus en plus, comme à reculons, jusqu’à ce que le Christ prenne toute la place, jusqu’à ce que, comme le Baptiste, il disparaisse tout à fait de l’Évangile alors que Jésus entre dans son ministère public.
À ceux qui l’aiment, Dieu n’est pas simplement présent en eux. Il est encore « manifesté » à travers eux. Quelque chose de lui devient visible aux autres à partir de l’étincelle de son amour qui palpite dans le cœur de ses témoins. Ainsi Joseph, qui s’est approché si près de son Fils, réfracte jusqu’à nous la lumière de Jésus. En ce jour, la foi de Joseph nous parle de la pudeur de Dieu et de son infinie paternité.