Hier, lundi 8 mars. 15h. Soleil de la campagne qui commence à réchauffer l’hiver. Mon beau-père est porté en terre. Il est décédé le 3 mars à 92 ans des suites du Covid. Sa dévotion à Marie était exemplaire : récitation quotidienne du chapelet, généralement en regardant KTO à 15h30 pour être en lien avec le sanctuaire de Lourdes. Il aimait cet endroit où mon épouse l’avait emmené à plusieurs reprises pour le pèlerinage du Rosaire en octobre.
Bien sûr sa relation à Marie m’interroge. Que lui a-t-il confié ces temps derniers ? Sûrement ses angoisses, sa tristesse de savoir qu’il allait quitter ce monde. Sûrement aussi une demande pour avoir la force de vivre le grand passage. Son chapelet était un des rares objets qu’il avait avec lui à l’hôpital. Comme une bouée, un morceau de bois d’un radeau, un point de repère indestructible.
J’aime aussi réciter le chapelet dans la journée, en conduisant. Aussi quand je suis dans le métro. Je l’offre à Marie pour tous les gens de ma rame, tous ces inconnus qui probablement ne connaissent pas Marie. Je la prie pour que les cœurs s’ouvrent, que la lumière perce leurs âmes. Je n’ai pas la régularité de mon beau-père mais je me sens bien avec le chapelet sur moi. J’aime marcher dans la rue en le tenant dans ma main. Depuis que j’ai visité Beyrouth en 2019, j’en ai accroché un au pare-soleil de ma voiture comme les chrétiens font là-bas.
Je reconnais que dans ma vie, le chapelet a plus été un objet de prières dans les difficultés ou les tempêtes. Hélas, comme si ma relation à Dieu avait une intensité variable en fonction du degré de gravité de mes problèmes. Pardon Marie pour cette démarche trop utilitariste !
À un fidèle qui critiquait la récitation du chapelet car elle était trop mécanique, le fondateur de l’Opus Dei, saint Josémaria Escriva avait répondu : « Quand un amoureux chante souvent et par cœur les paroles d’une chanson à sa promise, qui penserait lui dire que c’est machinal ? »
Ces dizaines et ces dizaines d’Ave Maria sont peut-être une prière pauvre, d’un indigent incapable de trouver les mots d’un dialogue fécond avec Dieu ? Ils sont plutôt la prière d’un enfant qui répète son amour à Marie, pour être sûr d’être bien entendu…
François Morinière, dirigeant d’entreprise, président des Entretiens de Valpré, auteur du livre Et le Ciel devient familier