Devant l’exemple du Cardinal, je me suis un jour enhardie à provoquer la Mère de Dieu. Au début des années 1990, la faiblesse de ma santé ne me permettait pas de jeûner au pain et à l’eau comme Marie le recommande à tous (sauf aux faibles et aux malades). En quelque sorte, je faisais partie du Club des faibles dans ma communauté à Medjugorje, et nous étions deux. Or, je devais mener à bien mes missions, en France et à l’étranger, justement pour faire connaître les messages de la Vierge. Mais comment parler à mes auditeurs de ce point si important du jeûne, si moi-même je ne jeûnais pas ? J’étais prise entre deux feux : d’une part je ne pouvais pas être hypocrite et parler de ce que je ne vivais pas, d’autre part, j’aurais vu comme une trahison de la Vierge le fait de passer ce point du jeûne sous silence.
Un jour, J’ai décidé de prendre ma Mère du ciel par les sentiments et je lui ai parlé ainsi :
« Tu sais que je ne peux pas jeûner. Or tu m’envoies parler à tes enfants de tes messages ! Ça ne va pas. Est-ce que ça ne te fait rien que je passe sous silence le point du jeûne ? Est-ce que tu n’as pas le désir que tes enfants se mettent enfin à jeûner, pour empêcher les guerres, "arrêter les guerres, suspendre les lois de la nature" comme tu nous l’as si bien expliqué dans tes messages ? Est-ce que cela ne te fais rien si après m’avoir écoutée, aucun ne pense à jeûner ? Est-ce que ça te fait plaisir que je fasse l’impasse d’un message qui te tient tant à cœur ? Combien de fois tu as exprimé ta tristesse devant le fait que nous avions oublié le jeûne dans l’Église ? Mais si tu ne me donnes pas la grâce… tu ne pourras plus te plaindre ! Si tu veux que je parle du jeûne à tes enfants, tu n’as pas le choix, tu dois me donner la grâce ! »
Bien sûr, je lui disais tout cela avec le cœur, et ma menace était une tendre menace. Je continuai ainsi :
« Demain, c’est vendredi. Je vais faire un test. Je ne vais prendre que du pain et de l’eau, et je verrai comment je tiens le coup ! Si je ne ressens pas la faim, si j’ai la force de rester debout et si je passe une journée normale comme si j’avais mangé, alors ce sera le signe que tu as entendu mon cri et que j’ai reçu de toi la grâce de jeûner ! »
Le lendemain, je commence la journée avec un peu de pain, sans me faire remarquer car j’étais en voyage. À midi, pas faim ; le soir, pas faim. La forme ! J’en ai même oublié de manger mon pain ! Alors j’ai compris… J’avais reçu la grâce ! Quelle joie !
Je remercie le Cardinal de m’avoir aidée à pousser ma Mère du Ciel dans ses retranchements, si j’ose dire, et à obtenir d’elle un cadeau qu’elle désirait en réalité m’offrir, mais elle attendait que je me comporte avec elle comme une enfant...
Sœur Emmanuel Maillard, membre de la Communauté des Béatitudes, elle vit à Medjugorje depuis 1989 et voyage dans le monde entier pour évangéliser
Sœur Emmanuel est l’auteur de Délivrances et guérisons par le jeûne