L’expérience de Lourdes fascine et parle à la vie : c’est ce que démontre, entre autres témoignages, celui de Franz Werfel, écrivain balkanique connu pour ses nombreux travaux dont Les quarante jours du Musa Dagh où il raconte de manière réaliste et bouleversante un des épisodes les plus significatifs du génocide arménien.
Né à Prague en 1890, fils d’un commerçant Juif, Werfel fut ami entre autres de Franz Kafka et de Max Brod, devenant à Vienne (Autriche), où il s’était installé, un des protagonistes les plus affirmés de la vie littéraire d’Europe centrale, anéanti par l’avènement de la barbarie nazie.
Comme de nombreux représentants d’origine juive, Werfel aussi fut contraint de fuir : réfugié dans le Sud de la France, il chercha asile à Lourdes, dans une situation dramatique. Dans le livre écrit en 1941, intitulé Le chant de Bernadette, il voulut raconter l’histoire de Bernadette Soubirous et des apparitions de Lourdes motivant ainsi son choix :
« La Providence me conduisit à Lourdes, dont je n’avais jusqu’alors pas la moindre notion de l’histoire prodigieuse. Nous restâmes cachés plusieurs semaines dans la ville des Pyrénées. Ce fut une période d’angoisses, mais ce fut aussi pour moi une période extrêmement importante, puisqu’il me fut donné de connaître la merveilleuse histoire de la toute jeune Bernadette Soubirous et les faits des guérisons de Lourdes. Un jour, au cœur des tribulations, je fis un vœu. Si je sortais de cette situation désespérée, avant tout autre travail, je chanterais la chanson de Bernadette de mon mieux. Ce livre est l’accomplissement d’un vœu. « Bernadette » est un roman, mais ce n’est pas une œuvre imaginaire… Tous les événements importants qui forment le contenu du livre se sont passés en vrai… J’ai osé chanter la chanson de Bernadette, moi qui ne suis pas catholique mais Juif… parce que je me suis juré de rendre honneur toujours et partout, à travers mes écrits, au secret divin et à la sainteté humaine, bien que notre époque, avec férocité et indifférence, renie ces valeurs suprêmes de la vie. »
Le témoignage de Franz Werfel est continuellement confirmé par les millions de pèlerins qui se rendent à la Grotte de Massabielle.
Mgr Bruno Forte, archevêque du diocèse italien de Chieti-Vasto et théologien
Extraits d’une réflexion du mois d’août 2017