Durant la période soviétique, dans les années 1970, prêtres et fidèles du village catholique de Honai au Vietnam, m'avaient affirmé qu'ils ne fuiraient pas devant les tankistes triomphants du régime communiste athée qui étaient à cinq kilomètres de chez eux.
Femmes, enfants et vieillards de cette communauté farouche et résolue se sont rassemblés en prière dans les églises illuminées. Les hommes, formés en bataillons d'autodéfense, le chapelet autour du cou, armés de vieilles carabines, se sont faits exterminer en essayant d'interdire l'accès de leur paroisse aux blindés nord-vietnamiens. Le père Hoang Quynh, curé de Cholon, réfugié du Nord lui aussi, m'avait dit :
« Pour nous le communisme c'est la mort. Nous avons eu au Tonkin une petite idée de ce qu'il entend réserver aux populations du Sud. Les exactions, les tortures, la prison, la foi traquée dans les villes, les campagnes, les cœurs, voilà son programme. Des milliers de tombes jalonnent déjà, de la frontière de Chine au delta du Mékong, la route douloureuse du catholicisme. Il y en aura des milliers d'autres autour de Saigon, de Hué, de Dalat. C'est le prix que l'on devra payer. Nous sommes prêts. Chaque croix portera témoignage devant les hommes. »
Père J. Sigurd
"Aspects de la France" le 15.05.75