Nous ne devons jamais sous-estimer le pouvoir d'un « oui ». Par exemple, le 16 octobre 1978, lors du conclave pour élire un nouveau Pape après la mort du pape Jean-Paul I, le scrutin semblait favoriser le jeune cardinal Karol Wojtyla, de Cracovie, en Pologne. Troublé par la tournure des événements, Wojtyla s'est tourné vers son mentor, le cardinal Stefan Wyszynski, primat de Varsovie. Le sage Cardinal lui a rappelé l'histoire de saint Pierre qui quittait la ville de Rome dans « Quo Vadis », et lui a dit : « Acceptez-le. » Le vote du soir terminé, le cardinal Jean Villot a demandé à Wojtyla : « Acceptez-vous ? » (Witness to Hope, p. 254) et celui-ci - le futur saint Jean-Paul II - a dit : « Oui. » Ce « oui » a transformé le monde.
Considérez alors ce qu'un « oui » collectif peut faire : en 1571, lorsque l'Empire ottoman menaçait de contrôler le pourtour méditerranéen et se préparait à envahir l'Europe chrétienne, le pape Pie V demanda aux fidèles de prier un Rosaire par jour tandis que la chrétienté rassemblait une flotte navale en vue d’une bataille. Bien que dépassés par une force trois fois plus grande, les chrétiens furent vainqueurs à la bataille de Lépante, un 7 octobre, date qui est devenue la fête du Saint Rosaire. En 1683, lorsque l'Empire ottoman reprit son jihad contre l'Europe occidentale et arriva aux portes de Vienne, le pape Innocent IX demanda de nouveau qu’on prie le Rosaire tous les jours pour le succès de l'armée chrétienne : le 11 septembre, bien qu'en infériorité numérique, le roi de Pologne Jan Sobieski et son armée repoussèrent les forces ottomanes.
Et puis, en 1917, lorsque la Mère du Ciel est apparue aux enfants de Fatima, elle leur a dit de demander à tout le monde de prier quotidiennement le chapelet pour la conversion de la Russie. Nous l’avons fait pendant des années, et le 1er janvier 1992, l'Union soviétique - l'Empire du mal - a officiellement été dissoute. Un « oui » individuel joint à de nombreux autres a donc bien le pouvoir de changer les cœurs et le monde.
Nous trouverons la vraie joie de Noël en disant un simple « oui ». Comme Marie l’a dit à sainte Élisabeth : « Mon âme magnifie le Seigneur. Mon esprit se réjouit en Dieu mon Sauveur. » Notre « oui » magnifiera aussi le Seigneur, et nous connaîtrons la vraie joie de Noël.
Père William Saunders, curé de la paroisse Our Lady of Hope de Potomac Falls et professeur de catéchèse et de théologie à la Notre-Dame Graduate School of Christendom College dans la Virginie (USA).
Catholic Herald, le 4 décembre 2019