Mgr Dominique Le Tourneau (1), vient de publier un nouvel ouvrage, le Guide des sanctuaires mariaux en France. Près de 2900 lieux « actifs », au sens où au moins un pèlerinage ou une procession s’y rend chaque année, y sont répertoriés. Il répond aux questions d’Aleteia (extraits) : Comment expliquez-vous la présence d’un aussi grand nombre de sanctuaires mariaux dans ce pays ?
Mgr Le Tourneau : Tout d’abord notons un aspect encourageant, à savoir la renaissance de pèlerinages qui avaient cessé dans la deuxième moitié du siècle dernier et la naissance de pèlerinages nouveaux, tels une route mariale dans le Nord ou les pèlerinages en VTT pour lycéens. Il faut noter aussi, malheureusement, la disparition de nombreux lieux de pèlerinage, pour beaucoup suite aux méfaits durables de la Révolution française. Je m’attendais donc tout au plus à mentionner environ 1000 sanctuaires mariaux. Et vous voyez où j’en suis arrivé : presque le triple !
A : Vous recensez 240 lieux d’apparitions de la Sainte Vierge en France au long des siècles. Cette réalité semble largement méconnue… ? Mgr L. : Pas vraiment. Dans la plupart des cas, l’apparition a donné lieu à la construction d’une chapelle et à un pèlerinage, qui continue d’avoir lieu, parfois depuis de nombreux siècles.
A : La Sainte Vierge y délivre un message spécifique ? - Mgr L. : Dans certains cas, il est très clair. Prenons l’exemple du repos dominical et de la sanctification du dimanche et des fêtes de précepte. Marie intervient à plusieurs reprises pour le rappeler et reprocher aux hommes de ne pas les respecter, et en plus de jurer et de ne guère prier. Tel est le sens des apparitions à Notre-Dame de l’Osier en 1649, et à La Salette en 1846, dans l’Isère, et encore plus clairement dans l’Hérault, à Saint-Bauzille-de-la-Sylve en 1873, où un culte est rendu à Notre Dame du Dimanche.
Au XIXe siècle, nous trouvons cinq grands lieux d’apparitions de la Sainte Vierge en France. La première intervient rue du Bac à Paris, les 18-19 juillet 1830, au profit de sainte Catherine Labouré, à qui Marie demande de faire frapper et de répandre la dévotion à la Médaille miraculeuse. La seconde est celle de La Salette, le 19 septembre 1846. Marie se plaint à Maximin et Mélanie du manque de piété du peuple et du relâchement des prêtres. En 1858, la Vierge Marie se manifeste dix-huit fois à sainte Bernadette Soubirous, à Lourdes. Deux ans après la proclamation du dogme de l’Immaculée Conception, Marie se présente sous ce nom. Elle demande de faire pénitence et de se convertir ainsi que de réciter le chapelet. Puis Notre Dame intervient encore à Pontmain, le 17 janvier 1871, en pleine guerre franco-prussienne, devant six témoins. Le lendemain, les Prussiens se retirent des portes de Laval où ils s’apprêtaient à entrer. Marie y est invoquée depuis sous le vocable de Notre Dame de l’Esperance. La cinquième grande apparition de ce siècle se produit à quinze reprises à Pellevoisin en 1876. Estelle Faguette, gravement malade, est guérie. En conformité avec le message de notre Mère du ciel, une confrérie Notre-Dame-de-Miséricorde voit le jour.
(1) Mgr Dominique Le Tourneau est un prêtre canoniste français et un écrivain