Hier, samedi, après la clôture du sabbat, la sainte Famille quitta Nazara pendant la nuit ; je la vis, tout le dimanche et la nuit suivante jusqu'au lundi, rester cachée près de ce grand vieux térébinthe, sous lequel elle s'était arrêtée en allant à Bethléem, lorsque la sainte Vierge avait tant souffert du froid. C'était le térébinthe d'Abraham, près du bois de Moreh, à peu de distance de Sichem, de Thenat, de Siloh et d'Arumah. Les projets d'Hérode étaient connus dans ce pays, et la sainte Famille n'y était pas en sûreté. C'était près de cet arbre que Jacob avait enfoui les idoles de Laban. Josué rassembla le peuple près de ce térébinthe, sous lequel il avait dressé le tabernacle où était l'Arche d'alliance, et l'y fit renoncer aux idoles. Ce fut aussi là qu'Abimelech, le fils de Gédéon, fut salué roi par les Sichémites. (Le dimanche, 4 mars.) Ce matin, de bonne heure, je vis la sainte Famille dans une contrée fertile, se reposer près d'une petite source, à côté d'un buisson de baume. L'Enfant-Jésus avait les pieds nus ; il était sur les genoux de la sainte Vierge. Ces arbrisseaux de baume étaient couverts de baies rouges ; il y avait à quelques branches des incisions d'où sortait un liquide qui était recueilli dans de petits vases. J'étais étonnée qu'on ne les volât pas. Saint Joseph remplit de cette liqueur les petites cruches qu'il avait avec lui. La sainte Famille mangea des petits pains et des baies cueillies sur des arbrisseaux voisins. L'âne buvait et paissait dans le voisinage. Je vis à leur gauche, dans le lointain, les hauteurs sur lesquelles était Jérusalem. C'était un tableau très touchant.