Au XVIe siècle Lavasina, en Corse, était un modeste port de pêche, situé auprès de l'embouchure du ruisseau portant le même nom. Là vivait une famille de pêcheurs, celle des Danese. Ils faisaient un peu de commerce avec Rome. Et il se trouve que les Danese avaient dans cette ville des débiteurs qui, se déclarant insolvables, leur proposèrent de se libérer de leur dette en leur envoyant un tableau de la Vierge. En Corse, plein de dévotion à Marie, les Danese acceptèrent. Le tableau - une toile de maître - fut envoyé de Rome, soigneusement enroulé pour le voyage. Mais quelle ne fut pas la stupéfaction des Danese, en le déroulant, d'en voir tomber une somme d'argent précisément égale à leur créance. A la vue d'un tel prodige, et après avoir pris des informations à Rome, les Danese, tenant cet argent pour miraculeux, résolurent de l'employer à bâtir un petit sanctuaire dans lequel le tableau de la Madone serait déposé et vénéré. Il s'agissait toutefois d'une très petite chapelle, qui pouvait contenir tout au plus une vingtaine de personnes. (...) En 1675, une humble tertiaire franciscaine, qu'on appelait sœur Marie, et qui vivait à Bonifacio, se trouva atteinte d'une terrible contraction des membres, au point que ses jambes étaient repliées sous elle. Obligée de garder le lit et en proie à de vives et continuelles souffrances, sœur Marie, au bout de plusieurs années, résolut de se faire transporter à Gênes, pour y recevoir des soins plus efficaces que ceux qu'on trouvait sur place. En cours de route, la tempête obligea le bateau qui la transportait à chercher refuge dans le petit port de Lavasina. On parla à la malade du sanctuaire de la Madone. Elle voulut y être transportée et y entra en prières. Puis elle demanda qu'on lui fasse des onctions avec l'huile de la lampe qui brûlait devant l'image de la Vierge. Sa foi ardente fut aussitôt récompensée. La guérison de sa maladie, qui durait depuis dix ans, fut aussi instantanée que totale. Les marins qui la conduisaient à Gênes en furent les témoins. Dans leur émotion si légitime, ils en répandirent la renommée dans la Corse entière. Toute l'île en fut remuée. Il se fit autour de la chapelle de Lavasina un mouvement de pélerinage qui ne devait plus s'arrêter jusqu'à nos jours.