Nous sommes revenus du « vieux pays », l'Autriche, avec la nostalgie de la prière devant les oratoires des chemins dédiés à Marie. Comme on n'en trouve pas ici, aux Etats-Unis, nous en avons tout simplement construit un. Pendant le mois de Marie, nous y allons souvent en petite procession, en récitant le chapelet ou en chantant des hymnes. (...) Nous devons perdre ce respect humain de ce que nos amis et voisins pourraient penser d'une telle exhibition de notre foi : depuis que nous vivons aux Etats-Unis, nous nous sommes aperçus, en de nombreuses occasions, que l'Américain moyen est la personne la plus tolérante quand il sent que ce que vous faites part d'une profonde conviction intérieure. Par exemple, trois fois par jour, la cloche de notre chapelle sonne l'Angélus, et au même instant, tout le monde dans la maison s'arrête de parler, laisse le travail qu'il est en train de faire, et dit la prière séculaire : « L'Ange du Seigneur apporta l'annonce à Marie ». Aux mots de : « Et le Verbe s'est fait chair », nous faisons une génuflexion. Après l'Angélus, nous faisons le signe de la Croix et nous reprenons nos activités. La plupart du temps, nous avons parmi nos invités des gens de confessions religieuses différentes, mais pas une seule fois je n'ai vu la moindre lueur d'un sourire, un signe de critique ou de mépris, ou quoi que ce soit que nous autres, Catholiques timides, nous attendons à recevoir. Chaque Musulman nous couvre de honte : à certains moments de la journée, il prend son petit tapis de prière et s'agenouille face à l'est, pour réciter ses prières, sans se soucier de ce que les gens diront ou penseront. Ce que sa prière en direction de l'orient est pour un Musulman, voilà ce que l'Angélus peut être pour nous autres Catholiques.