Réjouis-toi, Marie, toi qui « pars » au service de ton prochain, dit saint Luc. (...) Un mot de Dieu et tu pars, obéissante à la Parole qui t'envoie. Cette parole qui t'envoie n'est pas une parole d'homme simplement : elle est le propre Fils du Père fait chair en toi et de toi. (...) Qu'y a-t-il donc de si urgent pour tant de hâte ? Il y a que le Père a tant aimé le monde qu'il vient de lui donner, par toi, son Fils, la Sagesse Éternelle. Il y a que l'humanité a tant appelé ce don de Dieu qu'elle est en grande hâte de saluer en toi la Mère du sauveur. C'est pour ne faire attendre ni Dieu ni l'homme que tu presses le pas. (...) Tu vas en grande hâte, parce que l'amour te fait pleine de joie. Tu cours, transportée par Celui que tu portes, Ève nouvelle, pressée d'offrir au monde le fruit béni de ton sein. (...) Tu pars, jeune fille immaculée, étonnée du mal et touchée de compassion. Vers les chemins creux qui conduisent au cœur des villages de l'homme, tu pars, ouvrant, comme tu fais toujours, le passage à ton Fils. Vers les chemins creux du vieux monde qui attend son printemps - que tu portes et qui naîtra de toi - tu pars, toi, la Femme annoncée, plus jeune que le monde ancien du péché. Vers nos chemins difficiles et escarpés, hostiles et dangereux, tu viens jusqu'au cœur de nos peines nous révéler le rêve de Dieu sur nous, rêve déjà réalisé en toi, merveille de l'humanité véritable. Sainte Marie, sois-nous très présente afin que les difficultés du chemin ne nous retiennent pas de répondre aux appels du prochain. Fais monter en nous le chant qui bondissait en ton cœur par ces chemins et collines du haut pays où tu allais. Fais grandir en nous ce chant des pauvres et des petits, de ceux qui servent et ne sont point servis. (...) Aide-nous à porter Jésus Christ dans une âme qui chante, pour que tressaille de joie le monde où nous vivons, puisque par nous en ces jours-ci, comme pour toi en ces jours-là, Dieu veut visiter la terre.