Lors de la seconde apparition, après sa longue prière silencieuse la Vierge se déplaça. Elle progressait à reculons, c'est-à-dire en restant tournée vers l'enfant. Le regard de la Vierge fixé sur Mariette est une nouvelle circonstance originale, inattendue et significative. Ce n'est ni par contrainte, ni par commandement, c'est en attirant que Marie se fait suivre. A quelle force obéit la petite ? A-t-elle en vue quelque point d'arrivée ? Non, elle subi la grâce, le sourire, la beauté de la Vierge, et c'est tout. Elle serait allée ainsi, fascinée par la vision radieuse, à Pepinster, à Verviers, et au-delà, jusqu'à extinction totale de ses forces. Pourquoi la marche à reculons ? On n'y a vu, généralement qu'un détail charmant dans la plus charmante des apparitions. Dans cet ensemble très sobre, très dense et systématiquement doctrinal, une particularité aussi singulière doit avoir son sens propre. Ce sens doit être suggéré par le signe. Or, la marche à reculons, où et quand l'observe-t-on dans la vie des hommes ? Chez une seule personne, et dans une seule circonstance : c'est lorsque la mère apprend à l'enfant à faire ses premiers pas. On peut affirmer qu'elle est un acte authentiquement maternel. Les personnes qui ont joui de ce spectacle ne s'en souviennent qu'en souriant. Le bébé est planté sur ses petites jambes. Devant lui la mère inclinée ouvre les bras et recule légèrement. Jamais la mère n'apparaît plus maternelle qu'en ce moment : tout en elle : attitude, geste, regard, sourire, rayonne de maternité. L'enfant, de son côté, remue ses petits pieds en chancelant, ses yeux ne quittent pas les yeux de sa mère. Et quand il va perdre l'équilibre, il n'a même pas le temps de tomber (...) il est déjà dans les bras de sa maman, couvert de baisers. Le petit ne voulait pas autre chose. Avait-il le souci d'apprendre à marcher ou de se rendre dans un endroit quelconque ? Tout son dynamisme se concentrait dans un désir unique : rejoindre sa mère et se sentir enveloppé de tendresse. Dieu a mis au commencement de l'Humanité ce pur reflet de son amour créateur qu'est le cœur de la mère.