Que la foi ait été pour un très grand nombre d'entre nous le soutien décisif tout au long de nos épreuves, c'est là une évidence qui n'est mise en doute par personne. Les incroyants en ont été les témoins aussi bien que les autres. Je voudrais également dire la véritable découverte que beaucoup de déportés ont faite, au cours de leurs méditations, de cet extraordinaire personnage de la foi catholique qu'est la Vierge Marie. Dans un univers inhumain, dans l'océan de haine qui prétendait nous submerger, l'humaine tendresse, la bonté inépuisable et si accessible de Marie nous furent souvent cause de joie : causa nostra laetitiae... Dans la contemplation de la Vierge au pied de la croix, nous découvrions un sens nouveau à notre misère. Mieux encore, à méditer sur son inlassable intercession nous comprenions de plus en plus ce que pouvait être notre propre attitude, tant dans les "jours de notre mort" que lorsque, plus tard, se régleraient les comptes. Aucun langage ne traduira jamais la reconnaissance infinie de ceux qui connurent ainsi cette grâce de la transfiguration de leurs souffrances et celle, bouleversante, du désarmement de la haine.