Après sa conversion résolue, Pauline Jaricot va, avec la même passion, se lancer à aimer Dieu dans les créatures et le Christ dans les pauvres et les incurables de l'hôpital. La Mission entre dans son projet spirituel à travers ses rêves de devenir missionnaire en Chine, rêves partagés avec son frère Philéas (...). Pauline soutient son frère, au Séminaire Saint-Sulpice, par une correspondance suivie. Mais, ne pouvant aller en Asie, elle cherche sous quelle autre forme aider les missions. Elle reçoit un appel pour aider la mission en Louisiane où se trouve une colonie française, des prêtres et des évêques missionnaires. Pauline découvre que la mission n'est pas seulement en Asie, que la mission de l'Eglise est universelle. (...) Déjà en 1818, Pauline a commencé à recueillir un «sou» par semaine, moins d'un franc aujourd'hui, auprès des 200 ouvrières de l'usine de son beau-frère. Ensuite elle lance une nouvelle méthode basée sur le système décimal: chaque personne, associée à l'œuvre de la Propagation de la Foi, doit trouver dix autres personnes qui, à leur tour, en trouvent chacune dix autres, formant ainsi des «centaines» d'animatrices et de bienfaitrices, et même des «milliers» jusqu'à l'infini. Les «dizaines», les «centaines» et les «milliers» recueillent respectivement la collecte hebdomadaire de dix, de cent, de mille personnes associées. Un plan d'une extrême facilité et simplicité, efficace aussi, nourri d'une spiritualité eucharistique, se répand en peu de temps depuis Lyon vers les autres régions. En 1822, Pauline laisse tranquillement en d'autres mains la direction de la «Propagation de la Foi». La source de l'œuvre apparaît clairement dans «L'Amour infini dans la divine Eucharistie», qu'elle écrit à 23 ans. Dans l'année du Jubilé 1825, Pauline fait naître une autre œuvre providentielle, celle du «Rosaire vivant», en appliquant la même méthode que la précédente à la récitation associée de cette prière mariale, mais en remplaçant le nombre de dix associés par celui de quinze (les mystères du Rosaire sont au nombre de quinze). Il faut trouver 15 personnes et confier à chacune d'elles chaque mois le soin de réciter tous les jours une dizaine de chapelet en méditant sur le mystère correspondant de la vie de Jésus. Ce mystère, tiré au sort, change chaque mois. En outre, chaque personne associée cherchera 5 autres membres qui, à leur tour, chercheront à multiplier les adhérents. La communion de cœurs priant et méditant chaque jour la vie complète de Jésus, crée une force spirituelle immense dans l'Eglise. Le Rosaire vivant s'est étendu comme un incendie en France, au Canada, en Amérique latine, en Asie et dans le monde entier.