Dès son entretien secret avec l'ange, Marie a pressenti que sa mission de mère la « destinait » à partager d'une manière absolument unique la mission même de son Fils, et très vite elle en a eu la confirmation, que ce soit par les événements qui ont accompagné la naissance de Jésus à Bethléem, par les paroles claires du vieillard Syméon lui annonçant qu'une épée acérée lui transpercerait le coeur, ou par les angoisses et les privations subies lors de la fuite précipitée en Egypte à cause de la cruelle décision d'Hérode. Et après les vicissitudes de la vie cachée et publique de son Fils, qu'elle partagea sans aucun doute avec une sensibilité aiguë, ce fut encore sur le Calvaire que la souffrance de Marie, auprès de celle de Jésus, atteignit un sommet difficilement imaginable du point de vue humain mais, certes, mystérieux et surnaturellement fécond au plan du salut universel. (...) Témoin de la passion de son Fils par sa présence, y participant par sa compassion, Marie la très sainte a apporté une contribution singulière à l'Evangile de la souffrance, et elle a réalisé avant l'heure ce qu'affirmait saint Paul (...). Oui, vraiment, à des titres tout à fait spéciaux, elle peut affirmer qu'elle « complète en sa chair - comme elle l'a déjà fait dans son coeur - ce qui manque aux épreuves du Christ ». A la lumière de l'incomparable exemple du Christ, qui se reflète avec une évidence singulière dans la vie de sa Mère, l'Evangile de la souffrance, à travers l'expérience et la parole des Apôtres, devient source inépuisable pour les générations toujours nouvelles qui se relaient au long de l'histoire de l'Eglise. L'Evangile de la souffrance, cela veut dire non seulement la présence de la souffrance dans l'Evangile comme l'un des thèmes de la Bonne Nouvelle, mais également la révélation de la force salvifique et du sens salvifique de la souffrance dans la mission messianique du Christ et, ensuite, dans la mission et la vocation de l'Eglise.