Quand la Sainte Vierge invite l'Humanité à venir à Lourdes, elle l'invite comme Bernadette à manger de l'herbe et à boire de la boue, c'est-à-dire à prendre dans les eaux de l'amour un bain de néant, à nous replonger dans ces eaux baptismales qui nous purifient jusqu'à l'âme, jusqu'à cette image sacrée de Lui-même en nous que Dieu seul connaît et en qui Il Se complaît. Dieu donne rendez-vous à Lourdes pour venir au secours de Sa miséricorde à toute la misère humaine (...). L'herbe et la boue ne sont que les symboles de cette chair précaire et souffrante dont le spectacle nous est offert dans sa pathétique majesté, et pour qu'il en émane une supplication je dirai officielle, une authentification du fumier de Job, une actualisation du Golgotha. C'est à cette immense communion expiatoire que nous sommes invités. Venez, et enivrez-vous, mes bien-aimés ! dit la Vierge dans le Cantique (5, I). Le Seigneur n'a-t-il pas dit que quand deux ou trois consentent en Son nom, Il est au milieu d'eux pour les exaucer. Que dire quand comme à Lourdes il ne s'agit pas de deux ou trois mais de multitudes immenses qui se sont donné rendez-vous en ce lieu saint pour autre chose que pour consentir ? Lourdes est une Institution qui bientôt va compter un siècle. Dans les rapports de Dieu avec son Église, elle est devenue un organe. L'aménagement d'un contact. Un sanctuaire de fixation (comme on dit abcès de fixation) qui tire du corps de l'Humanité tout ce qui y brûle de souffrance, d'espérance et de prière. Quelque chose de constitué pas seulement pour dire mais pour montrer à Dieu qu'on n'a plus de recours qu'en Lui seul. Un endroit où l'on se met tous ensemble pour venir au secours de la miséricorde de Dieu, pour l'aider, comme dit l'Écriture, à sortir sa main droite de dessous son aisselle, et à l'étendre sur nous. Nous ne Te lâcherons pas que Tu ne nous aies bénis.