« Syméon les bénit et dit à Marie, sa mère: "Vois! cet enfant doit amener la chute et le relèvement d'un grand nombre en Israël; il doit être un signe en butte à la contradiction, - et toi-même, une épée te transpercera l'âme! -- afin que se révèlent les pensées intimes de bien des cœurs." » (Luc 2,34-35) Quel est le sens de cette épée ? L'épée est d'abord la parole de Dieu. Dans l'Ancien Testament, le serviteur souffrant dit : le Seigneur « a fait de ma bouche une épée tranchante » (Is 49,2). Plus tard, quand la communauté hébraïque est menacée de destruction par l'hellénisme, elle résiste en demeurant fidèle à la Parole de Dieu qui est sa véritable arme, sa véritable épée : Judas Maccabées a la vision de Jérémie, le prophète, l'homme de la parole qui lui donne une « épée d'or » en disant « "Prends ce glaive saint, il est un don de Dieu, avec lui tu briseras les ennemis." » (2Macc 15,15-16). (...) En saint Luc, au seuil de la passion, Jésus invite à vendre son manteau et à prendre chacun un glaive (Lc 22,36), mais Jésus n'entend pas l'épée au sens matériel (Lc 22,50), il invite à prendre l'épée de la Parole de Dieu pour avoir le discernement spirituel et ne pas tomber en tentation. Dans l'épître aux Hébreux, l'auteur compare la parole de Jésus à celle de Moїse lors de la sortie d'Egypte puis il dit : « Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu'aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu'au point de division de l'âme et de l'esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. » (He 4,12). (...) Dans cette tradition, le texte de l'Evangile (Luc 2,35) signifie que Marie est traversée par la parole de Dieu dans toute sa vie, parole qui produit la louange, l'exultation, l'intelligence, sérénité, la foi, et aussi la douleur ; le glaive signifie la parole de Dieu, le dessein de Dieu, qui englobe toute la mission de Marie, y compris sa douleur (...). La tradition chrétienne a surtout accentué le fait que l'épée est la douleur de Marie lors de la Passion. Cette interprétation dérive de l'interprétation précédente. La Parole est en butte à la contradiction et la Croix de la contradiction devient une épée de douleur.