Pour que le salut de Jésus soit celui des hommes, encore faut-il qu'il soit lui-même reconnu comme homme véritablement. Saint Irénée situe justement la reconnaissance de l'humanité dans le fait de la génération : «S'il n'a pas reçu d'un être humain la substance de sa chair, il ne s'est fait ni homme, ni fils d'homme». Au vouloir de Dieu de se faire homme doit ainsi correspondre le vouloir du monde de lui donner chair d'humanité. Dieu ne peut en effet être pour le monde, si le monde n'est pas accordé au don qui lui est fait. Cet accord, il incombe à l'homme, être de liberté, de le donner. Quelque part dans l'histoire de l'humanité, un vouloir d'homme voulant Dieu, doit être totalement accordé au vouloir de Dieu voulant l'homme jusqu'à lui-même devenir «une part» d'humanité. Dieu a besoin d'un «Oui» pleinement libre de la part du monde. Marie est cette femme que la plénitude de liberté rend capable d'un vouloir à cette mesure (...). Elle est la figure de l'humanité restaurée dans l'unité de sa volonté, en raison de l'appel qui lui est fait de recevoir en elle l'humanité du Verbe. L'humanité ne peut donner plus à Dieu que sa propre humanité, mais ce faisant elle donne à Dieu ce qu'il ne pouvait pas se donner à lui-même. Car Dieu ne peut entrer dans le monde en restant fidèle au don de la liberté faite à l'homme qu'en y entrant par la porte de cette liberté humaine.