Lorsque le roi Jean-Casimir fit le vœu de consacrer son royaume à Notre-Dame, la Pologne venait de se relever d'un immense désastre qui avait failli l'engloutir, telles les grandes eaux d'un « déluge ». Submergée par les armées suédoises, humiliée et trahie, sans armée et sans roi (celui-ci étant parti en exil), elle fut sauvée par un miracle (la défense de Czestochowa). (...) Toute cette période nous fait penser à la geste merveilleuse de sainte Jeanne d'Arc, avec cette différence que pour bouter dehors l'ennemi, la Reine Guerrière semble avoir pris directement en main le commandement suprême. Ce fut une vraie traînée de poudre et les cœurs flambèrent comme des torches. Donc en décidant de consacrer officiellement son royaume à Marie, le roi Jean-Casimir ne faisait qu'obéir à un désir passionné de son peuple. On peut dire sans exagérer que dans ces années de libération, Marie était plus Reine de Pologne que lui n'en était le roi. Cependant, ce qui est profondément significatif et unique dans cet acte, c'est son caractère expiatoire. Le roi reconnaît officiellement que les terribles calamités qui viennent d'affliger son royaume signifient « un châtiment du ciel » pour les crimes dont il s'est rendu coupable. Quels crimes ? (...) Pendant l'exil, le roi avait eu le temps de faire un examen de conscience national. De sages conseillers l'aidèrent à en tirer les conclusions. Et voici que le 1er Avril 1656, donc quatre mois à peine après le « miracle de Czestochowa », à la cathédrale de Lwow, face au nonce apostolique Pierre Vidoni, aux sénateurs et aux nobles, Jean-Casimir prononça ces paroles à la suite de l'acte de consécration : « Voyant de toute évidence et avec une extrême douleur que ton Fils, juge très juste, fustige ce royaume depuis sept ans avec les fléaux de la peste, des guerres et d'autres calamités, à cause des larmes et de l'oppression de nos paysans, je promets et je m'engage solennellement qu'aussitôt la paix recouvrée, je mettrai toute ma sollicitude et j'appliquerai tous les moyens pour libérer mon peuple des injustices qui l'affligent et des charges qui le grèvent. Reine et Souveraine très miséricordieuse, daigne nous accorder la grâce de remplir ces vœux que tu nous a inspirés !»