Les Pères, considérant cette parole du Cantique des Cantiques que l'Epouse adresse à son Epoux : « Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche » (Ct 1,1), disent que ce baiser qu'elle désire si ardemment n'est autre que l'exécution du mystère de l'Incarnation de Notre-Seigneur, baiser tant attendu et souhaité pendant une si longue suite d'années par toutes les âmes qui méritent le nom d'amantes. Mais enfin ce baiser qui avait été si longtemps refusé et différé, fut accordé à cette Amante sacrée, Notre-Dame, laquelle mérite le nom d'Epouse et d'Amante par excellence au-dessus de toutes autres. Il lui fut donné par son céleste Epoux au jour de l'Annonciation que nous célébrons aujourd'hui, au même moment qu'elle élança ce soupir très amoureux : « Qu'il me baise d'un baiser de sa bouche ! » Ce fut alors que cette divine union du Verbe éternel avec la nature humaine, représentée par ce baiser, se fit dans les entrailles sacrées de la glorieuse Vierge. Voyez, de grâce, comme cette divine Amante exprime délicatement ses amours : Qu'il me baise, c'est-à-dire : Que ce Verbe qui est la Parole du Père, sortant de sa bouche, vienne s'unir à moi par l'entremise du Saint-Esprit, qui est le soupir éternel de l'amour du Père envers son Fils et du Fils réciproquement envers son Père. Mais quand est-ce que ce divin baiser fut donné à cette Epouse incomparable ? Au même instant qu'elle répondit à l'Ange cette parole tant désirée : Qu'il me soit fait comme vous dites. O consentement digne de grande réjouissance pour les hommes, d'autant que c'est le commencement de leur bonheur éternel. (...)