Une des variantes populaires du bouddhisme en chine est le bouddhisme de la Terre Pure (Tsing-tou). Son fondateur chinois, Houei-yuan, mort en 416 après J-C, transforma le Bouddha historique en Amitabah, c'est-à-dire en Bouddha éternel, mais qui se soumet à la condition humaine pour apporter le salut à tous. Ce bouddhisme amidiste place à côté du Bouddha une série de bodhisattvas qui aident le Bouddha dans son œuvre de salut ; le plus célèbre est Kouan-yin que les Chinois représentent sous les traits d'une femme... Les peintres et les sculpteurs chinois se sont plu à représenter Kouan-yin comme une nautonière, au visage d'une beauté sereine, qui aide Amitabah à conduire la barque du salut à travers l'Océan de la Douleur jusqu'au rivage du paradis. De cette barque où sont entassés hommes et femmes de toute condition, s'élève sans cesse l'invocation suivante : « O Kouan-yin, toi la grande miséricordieuse, la plus gracieuse, la consolatrice universelle, sois-nous présente dans l'heur et le malheur, conduis-nous jusqu'à la terre des bienheureux ! » Ce texte, qui contient des termes que nous retrouvons à peu près identiques dans certaines prières mariales, nous aide à comprendre pourquoi les japonais convertis au Christianisme, mais imprégnés de civilisation chinoise, ont fait un rapprochement entre Marie, Mère des Douleurs et Reine de la Miséricorde, et cette divinité du bouddhisme. Afin de pouvoir donner libre cours à leurs sentiments de piété malgré les édits qui proscrivaient leur religion et leur interdisaient toute manifestation de foi, ils ont représenté la Mère du Christ sous les traits de Kouan-yin. Ces statuettes, aux yeux des autorités, semblaient exprimer la croyance bouddhique, mais un signe incompréhensible aux non-initiés, une croix par exemple, témoignait toujours du caractère chrétien de la statue qui était, pour ces âmes fidèles, l'image de la Reine des martyrs.