Dernier rescapé du rapt à Tibhirine, le Frère Jean-Pierre est désormais moine à Notre-Dame-de-l'Atlas, au Maroc. Selon lui, et sans qu'il puisse expliquer pourquoi, la Vierge lui a « sauvé la vie » à plusieurs reprises : Oui, la Sainte Vierge m'a protégé. C'était à l'hôpital militaire de Heidelberg, en février 1943. Les blessés de Russie arrivaient par trains entiers. On m'avait envoyé là, parce que j'avais attrapé une maladie des yeux - une rétinite. Le médecin chef a dit « avec ces yeux-là, vous ne pouvez pas aller au front » et il m'a réformé. (...) Je suis sûr que la Vierge Marie m'a sauvé la vie (...) car plusieurs fois au cours de ma vie, j'ai eu une grâce que je ne m'explique pas, et qui m'a fait échapper à des mauvais coups. La première fois, à cinq ans, j'ai failli être écrasé par un attelage. Le conducteur ne m'avait pas vu. Le cheval avait son sabot sur ma poitrine, puis il s'est arrêté d'un seul coup et n'a pas appuyé. Une autre fois, c'était à Fès en 1997, où nous étions, après Tibhirine. Le plafond de ma chambre m'est tombé dessus. J'ai simplement eu le temps de voir du sable qui tombait puis les poutres qui s'effondraient sur mon lit. Je me suis dégagé à temps, sans trop savoir comment. Et puis, bien sûr, il y a eu Tibhirine...