1. Quand là-haut comme ici-bas règne la joie, qu'y a-t-il à Rama, pour qu'on y entende une immense lamentation ? Jacob exulte, qu'a donc Rachel à se plaindre ? Allons voir le deuil et la douleur, car ce ne sont pas ses premiers enfants qu'elle pleure, ceux qui furent perdus et retrouvés (Jr 31,15), mais ceux que vient d'égorger Hérode le sanguinaire : il s'est fait préciser le temps où l'étoile a brillé, et il a envoyé ses gens à Bethléem, pour priver Rachel de ses enfants, à cause du nourrisson de Marie (Mt 2,18). Mais Rachel les a retrouvés dans la joie, tandis qu'Hérode pleure son pouvoir qui s'anéantira bientôt. 11. L'épée nue, les soldats attaquaient les mères qui portaient leurs petits, et elles, glacées de peur, jetaient le fardeau qu'elles allaitaient avec amour. Certaines d'entre elles suppliaient-elles les meurtriers et leur tendaient le cou, désireuses de mourir avant leurs enfants plutôt que de les voir massacrés, et de cela toute femme qui a été mère sera un témoin digne de foi, Aussi criaient-elles avec amertume : Vous les tuez, mais le sein d'Abraham les accueillera comme Abel le fidèle. Hérode, lui, pleurera sur son pouvoir qui s'anéantira bientôt. 13. O perversité, ò folie du roi, o conduite impitoyable ! Déclarer la guerre à des nouveau-nés, et n'avoir pas la moindre pitié de son propre peuple ! Il ne s'est pas souvenu de ses propres enfants, ni que tous ont une même nature. Il n'a pas eu pitié des parents, mais, ivre de rage, il s'est d'abord ignoré lui-même, et ensuite il a ignoré tous ses frères de race (...) il ne s'occupait que d'une chose : pleurer son pouvoir qui s'anéantira bientôt.