Obéissant à la voix de leur pasteur, tous en effet se préparent, s'animent et s'encouragent. Tous leurs entretiens dans les champs, dans les veillées, dans les réunions, ne roulent que sur cette consécration et ce jour va devenir un de ces jours heureux qui méritent d'être enregistrés dans les annales de l'histoire et qui former comme une démarcation en delà de laquelle la paroisse d'Ars ne va plus ressembler à elle-même. Les cloches, dès les premières lueurs de l'aurores, se balançant dans les airs, annoncèrent la pompe religieuse avec laquelle devait se fêter ce beau jour. Enfin, avant l'offertoire, le pieux pasteur, le visage rayonnant d'une joie céleste, s'avance vers la chaire. Il est chaleureux, véhément et pathétique. Les cœurs sont touchés, émus et pénétrés. C'est dans ce moment qu'il dit à son auditoire de tomber à genoux, qu'il va tous les consacrer à Marie, conçu sans péché. Tous ont obéi comme une seule personne. Dès aussitôt, il commence à haute et intelligible voix de réciter la prière de consécration à Marie. Ouvrant ensuite son cahier, il en commence la lecture, répétant autant de fois : « Untel, son épouse et leurs enfants » qu'il se trouvait de chefs de famille dans sa paroisse ; comme on le pense bien, personne ne fut oublié, personne n'eut donc à réclamer. Cette touchante cérémonie eut lieu le premier jour du mois de mai 1836, comme le montre le tableau qu'on voit suspendu à l'entrée de la chapelle de la sainte Vierge. C'est à partir de ce jour que tout parut dans cette paroisse revêtir une forme toute nouvelle, qu'on vit plus d'assiduité, de recueillement, de modestie, et se former cet ensemble de vertus morales qui la distingue encore.