Un jour au pied de l'autel de la sainte Vierge, le curé d'Ars pleurait à chaudes larmes, les yeux élevés, les mains suppliantes et étendues vers l'image vénérée, il a priait et insistait avec toute la chaleur de son âme et sollicitait sans cesse cette mère de miséricorde de lui venir en aide en faveur de ses pauvres paroissiens, il entendit une voix céleste lui dire : « consacrez votre paroisse à Marie conçue sans péché». Plein de confiance en cette voix qu'il a entendue et par laquelle son âme s'est trouvée subitement consolée, il annonce en chaire, le dimanche suivant, le dessein qu'il a conçu de consacrer tous ses paroissiens à Marie conçue sans péché. Pour cela il fera faire un cœur d'or dans l'intérieur duquel seront enfermés les noms de toutes les familles d'Ars ; qu'il lira lui-même ces noms du haut de la chaire, afin que, si quelqu'un ait été oublié par mégarde, il puisse réclamer. Puis, revenant à son objet principal « c'est à vous maintenant, mes bien-aimés frères de préparer vos âmes à cette offrande qui va être faite de vous tous à la plus pure des vierges, et dont la conception a été immaculée, venez donc, tous, venez vous approcher du saint Tribunal qui purifie ceux qui s'accusent et redonne à l'âme pénitente toute la blancheur de sa première innocence. Après l'humble aveu de vos fautes, vous participerez au banquet de l'Agneau, à sa table sainte, dont l'aliment est le sceau des élus. Je composerai moi-même l'acte de cette consécration, et tous étant à genoux, je la réciterai à haute et intelligible voix, pour que chacun puisse la redire et se l'approprier.»