En 1510, au témoignage de la chronique de Zofingen, un fait extraordinaire ne contribua pas peu à donner un nouveau lustre au sanctuaire de Maria Zell. La peste régnait à Zofingue et y faisait de cruels ravages. Une jeune veuve en fut atteinte avec ses deux enfants. Elle se nommait Anna Dubliker. Surmontant sa faiblesse, elle court se jeter au pied d'une statue de Marie dans un oratoire prêt à tomber ruines. Marie exauça l'humble prière de sa servante. Anna guérit, ainsi que ses deux enfants. La protégée de Marie, qui était pauvre, n'eut plus qu'une préoccupation : thésauriser l'argent nécessaire pour l'accomplissement de son voeu. Mais son modique trésor n'avait pas encore atteint la somme voulue, lorsque la ville de Zofingue, soumise alors au joug de Berne, vit remplacer la religion du Christ par celle du prêtre apostat Zwingli. On sait qu'elle était la haine fanatique de ce dernier et la fureur de ses sectaires contre la sainte Vierge, les saints, leurs fêtes, leurs sanctuaires, leurs statues et leurs images. Mais Anna Dubliken ne partageait pas le fanatisme des blasphémateurs. En passant devant l'oratoire de Marie, elle voit un groupe de novateurs occupés à jeter par terre la statue de la divine Mère. Elle prie ces égarés de lui laisser la statue ; ils la lui rendent. Mais comment l'emporter elle-même? Elle supplie un des nouveaux sectaires de lui venir en aide. « Ton idole est trop lourde pour mes épaules, lui répond le blasphémateur, je vais la jeter dans le fossé. » Anna alarmée lui donne tout l'argent qu'elle possédait. L'homme continue à porter son fardeau. Mais lorsque le dernier liard de la veuve est tombé dans sa main, il la plante là, jette la statue dans un buisson et prend la fuite. Anna ne peut se séparer de son trésor. Elle s'assied auprès de la statue, elle prie, elle attend. Cependant un de ses enfants, en cueillant des fleurs, trouve au pied de la sainte image une pièce de monnaie. A cette vue, la mère creuse le sol et trouve, au même endroit, un vase rempli de pièces d'argent. C'était de la monnaie romaine. Un voiturier vient à passer ; elle lui en donne la moitié pour la conduire avec ses enfants et sa chère statue jusqu'à Sursee, où elle raconte son heureuse aventure. On l'écoute, on s'étonne, on loue, on bénit la Vierge sainte. Au milieu de l'admiration générale, la sainte statue est portée et dressée dans le sanctuaire de Maria Zell. On conçoit qu'au bruit de cet événement, la dévotion envers la Cella de Marie ne fit que s'accroître d'année en année.