Avant l'Annonciation, Marie est déjà tout à Dieu, elle est offerte, elle est donnée, elle est pauvre, elle attend. Mais elle ignore encore avec quelle plénitude doit se réaliser en elle le mot du Cantique « Je suis à mon Bien-Aimé, et son cœur est tourné vers moi (Cant., VII, 10) » Elle savait sans doute par cœur les Ecritures; elle avait compris leur mouvement secret, l'orientation christique de chaque parole, où le souffle brûlant de l'Esprit consume toutes les scories de l'humanité impure à laquelle sont confiés les gestes de Dieu. Elle y cherche une Présence, elle y trouve une Personne où toute l'espérance humaine est contenue. Son cœur ne bat que dans cet appel « Que la Vierge conçoive et enfante un fils » (Is., vii, 14). Elle n'a jamais pensé qu'il pût être question d'elle. Son regard n'a qu'une direction dont il ne se départit jamais. Son regard est simple : elle ne s'est jamais aperçue d'elle-même.