Jean se considérait donc comme libéré. Plus besoin d'écrire d'Evangile, puisque Luc l'a écrit. Jean en était très heureux mais Dieu l'attendait. Le Saint Esprit agit toujours comme cela. Il est d'une souplesse étonnante, et il ne « boude » jamais. Saint Jean est un exemple merveilleux de cette conduite miséricordieuse de Dieu à notre égard. En effet, à la fin de sa vie, le vieux Jean de quatre-vingt cinq ans est réfugié à Patmos « à cause de la Parole (Logos) de Dieu et du témoignage de Jésus » (Ap 1,9). Et voici que le Saint Esprit l'attend, le saisit, et Jean reçoit cette révélation étonnante de l'Apocalypse, qui le bouleverse profondément. Il faut la lire parce que c'est une révélation extraordinaire, qui a fait comprendre à Jean que toute l'Eglise est liée au Christ. C'est la grande Révélation de la Très Sainte Trinité, c'est la grande Révélation de l'Agneau. Quand Jean reçoit cette révélation, il comprend que l'Eglise du Christ, celle qui est née de la Croix, devra suivre tout ce que Jésus a vécu. Eglise du Christ, elle doit le suivre, « suivre l'Agneau partout où il va » (Ap 14,4), et donc vivre nécessairement tout ce que l'Agneau a vécu. Elle doit vivre l'Agonie, la Croix, le Sépulcre. A partir de ce moment-là, il y a dans le regard de Jean sur l'Eglise quelque chose de tout à fait nouveau. Et à partir de cette révélation, Jean aime cette Eglise d'une manière toute nouvelle. C'est ce qui nous fait comprendre qu'après l'Apocalypse, il a dû écrire sa première Epitre, qui est son livre de spiritualité. L'Apocalypse est le livre de l'espérance, parce qu'il nous fait comprendre que nos luttes sont celles de Jésus, et la Première Epitre est le livre de la charité fraternelle, où Jean nous fait comprendre ce qu'est la vie chrétienne et quelles en sont les grandes dimensions : lumière, charité, amour. Enfin Jean nous donne l'Evangile, qui est le livre de la foi contemplative, en commençant par le Prologue, qui est difficile, mais magnifique, puisqu'il donne la lumière sur tout le reste.