Comme nous l'enseignent les Pères dans notre restauration Marie tient le rôle qu'Ève avait tenu dans notre chute. Pour commencer : grâce à quels dons Ève se trouva-t-elle en mesure d'affronter l'épreuve ? Bien qu'innocente et sans péché, sans le don d'une grâce abondante elle n'aurait pu résister aux embûches du démon. Et ce don, elle l'avait : un don céleste, qui était au-dessus de cette nature qu'elle avait reçue d'Adam, un don qui la dépassait et s'y ajoutait, - un don reçu avant elle par Adam dés le moment de sa formation (on le croit communément). C'est là tant la doctrine anglicane que la doctrine catholique. Si Ève fut élevée au-dessus de la nature humaine par ce don moral intérieur que nous appelons grâce, y-a-t-il témérité à dire que Marie jouit d'une grâce encore plus grande ? Cette considération donne tout son sens à la salutation « pleine de grâce » que lui adresse l'Ange. Cette interprétation du terme original est indubitablement la bonne, dès qu'on écarte la thèse communément reçue par les protestants, selon laquelle la grâce est seulement une approbation ou acceptation extérieure, correspondant au mot " faveur " . En réalité comme l'enseigne les Pères, la grâce est un état intérieur bien réel, une qualité surajouté de l'âme. Une fois admis qu'Ève reçut ce don intérieur surnaturel dés le premier instant de son existence personnelle, est-il possible de nier que Marie, elle aussi possédait ce don dés le premier instant de son existence ? Je ne vois pas comment refuser cette conclusion. Eh bien, c'est là simplement, littéralement, la doctrine de l'Immaculée Conception. Je dis que (mis à part la question des degrés de grâce) la doctrine de l'Immaculée Conception est substantiellement cela, ni plus ni moins que cela. En vérité, elle me paraît impliquée dans la doctrine patristique d'après laquelle Marie est la seconde Ève.