Maintes fois l'enfant a entendu cette question, au moment où il quittait la maison pour l'école. La question de sa mère résonnera plus tard dans la mémoire de l'adulte. Député, ministre, ou chef du gouvernement, Robert Schuman ne pourra plus commencer une journée sans le petit amas de grains lumineux qui relie la terre au ciel. Et il l'égrenait chaque jour. La tonalité mariale de sa piété lui venait de sa mère. Eugénie Schuman avait vingt ans quand naît son fils unique en 1886. (...) A 17 ans, le fils se fait promoteur des pèlerinages luxembourgeois à Lourdes. Peu après, sous l'influence du pape qui privilégie la vie intérieure, sans laquelle le croyant demeure à la superficie des choses, la mère et le fils font l'acte d'abandon total à la volonté du Seigneur. Pie X, le saint de l'Eucharistie, entraîne aussi dans son sillage spirituel la multitude des âmes ferventes du catholicisme. Cette influence succède à celle, biblique et mariale, que Léon XIII a exercée en profondeur sur l'Eglise vivante. Les deux pôles de la spiritualité de Robert Schuman ont aussi été créés par deux grands papes, relayés auprès de lui par le cœur de sa maman. L'Eucharistie et la Parole de Dieu orienteront toute sa vie. A l'aube, il méditait, invariablement un passage de l'Ecriture. Et chaque fois qu'il le pouvait, il participait à la Messe. Toujours en compagnie de Marie, « notre mère bien-aimée », comme il se plaisait à dire. Lourdes, La Salette, la chapelle de la médaille miraculeuse à Paris étaient ses relais marials préférés.