Avec la victoire des armées de Cromwell, l'Irlande entra dans une période d'âpres persécutions au cours de laquelle il devint de plus en plus difficile aux prêtres catholiques de pourvoir aux besoins spirituels des fidèles. De cette période date l'importance toute spéciale attribuée par les Irlandais au chapelet, parmi les dévotions en honneur de la Sainte Vierge. Quand le prêtre se trouvaient dans l'impossibilité d'être présent, afin de célébrer le Saint-Sacrifice pour les fidèles, ceux-ci récitaient le chapelet en forme de prière publique. On ne peut être taxé d'exagération quand on affirme que, depuis trois cents ans, le chapelet est la forme la plus caractéristique de la dévotion du peuple irlandais. Dans chaque foyer catholique, la récitation du chapelet est passée à l'état de coutume quotidienne scrupuleusement observée. Les marins mettaient-ils à la voile pour courir les mers et affronter leurs risques, on disait le chapelet en public avant le départ du bateau ! Les pécheurs avaient coutume de le réciter avant de lever leurs filets. Il est devenu la prière traditionnelle aux enterrements catholiques ; celle aussi que récite la famille groupée autour du lit de mort d'un des siens.. Pendant le XIXe siècle, quand l'émigration dispersa les catholiques irlandais de par le monde, en des contrées lointaines souvent dépourvues de prêtres catholiques, le chapelet devint le soutien le plus efficace de ces malheureux exilés.