John Traynor, de la Brigade navale d'Angleterre, est blessé à la tête devant Anvers, le 8 octobre 1914. Il ne reprend connaissance à l'hôpital que 5 semaines plus tard, après opération il repart au front. Le 8 mai aux Dardanelles, tranchée de Sedul-Bahr, deux balles lui traversent la poitrine, une troisième atteint gravement le plexus brachial droit. Il subi une première tentative de suture nerveuse à Alexandrie, une deuxième sur le bateau de rapatriement, une troisième, avec le même insuccès, à l'hôpital de Portsmouth. On voudrait amputer ce bras inerte. Il s'y refuse et à bientôt une pension militaire de 100%. Le docteur spécialiste Mac Murray fait une quatrième tentative vaine de sutures des nerfs sectionnés en novembre 1916. Les attaques d'épilepsie se multiplient, avec paralysie partielles. Il va d'hôpital en hôpital, toujours vainement soigné. Le docteur Montsarrat le trépane inutilement à Knotty-Ash. Une calotte d'argent protège l'ouverture opératoire, large comme une pièce de deux francs, à travers laquelle on voit les pulsations cérébrales. On lui alloue une pension supplémentaire officielle pour le service nécessaire de son infirmière. Le pèlerinage de Liverpool le conduit à Lourdes le 22 juillet 1923. Les médecins certifient alors : nombreuses crises d'épilepsie en route, paralysie radiale, médiane et cubitale du bras droit, de l'épaule et de la poitrine, perte de substance du pariétal droit par trépanation, laissant percevoir les pulsations du cerveau, inertie et insensibilité des membres inférieurs, incontinence vésicale et ano-rectale. Le 25 juillet, à la procession du Saint Sacrement, un bien être singulier envahit cet homme inerte. Un instant après les docteurs constatent sa reviviscence. Le 27, au Bureau des Constatations, les médecins présents donneront attestation signée d'une marche normale, de la liberté du bras droit, avec persistance d'une main légèrement en griffe, signe de la maladie antérieure. L'orifice opératoire s'obture rapidement. L'épilepsie vient de cesser à Jamais. John Traynor rentre guéri à Liverpool. La plénitude de la guérison est confirmée par enquête médicale à son retour à Lourdes le 7 juillet 1926. Ce géant vigoureux de 1m. 90 charge et décharge sans défaillance ses camions de charbon qu'il conduit tous les jours au port de Liverpool, malgré la loi anglaise qui le lui avait interdit comme grand épileptique. Nous le reverrons chaque année à Lourdes, joyeux et infatigable brancardier des pèlerinages. Il meurt d'une pneumonie en 1943.