Nous savons peu de choses sur l'adolescence de Marie, une seule chose seulement et qui suffit à faire deviner tout le reste : c'est ce voeu de virginité qu'elle rappelle d'abord à l'ange avec un accent qui peut paraître un peu farouche. Cela indique un dessein muri ; et, si nous supposons comme il est vraisemblable de le faire, que la Vierge a dans les quinze ans, il faut penser qu'elle a été une enfant très précoce, ayant sondé très tôt l'existence, ayant parcouru les dimensions de la vie. Pour juger de ce propos de rester vierge et pour en comprendre le génie, il faut se souvenir de la mentalité des Juifs au sujet de la virginité. La première loi du Créateur avait été : « Croissez et multipliez-vous. » Et le premier instinct du peuple choisi (qui se confondait avec son premier et principal devoir) était de se maintenir comme peuple, donc de se survivre. La femme juive ne connait pas de plus grand opprobre que la stérilité, qui est le signe que Dieu la méprise. Et, comme on ne conçoit pas d'autre génération que dans la chair, l'être qui n'engendre pas est un être diminué, privé d'immortalité temporelle, ayant manqué sa mission. Nous avons peine à comprendre qu'il en soit ainsi, nous qui sommes si pénétrés du Christianisme et qui ne pouvons manquer de projeter les lumières nouvelles sur les anciennes ombres.