C'est à Marguerite Berger et Anna Cinquin, deux pieuses demoiselles lyonnaises, que les Algérois durent le pèlerinage de Notre-dame d'Afrique. Lorsque Louis Pavy fut promu en 1846 évêque à Alger, Mlles Berger et Cinquin, qui s'étaient attachées à ses pas depuis son vicariat de Lyon à l'Eglise Saint-Bonaventure, place des Cordeliers, sollicitèrent de l'accompagner en Afrique. Dans le Petit séminaire qu'ouvrit le prélat dès son arrivée, elles devinrent l'une infirmière, I'autre lingère. Or, peu au-delà du séminaire, un sentier descendait vers la mer dans un étroit ravin. Entre trois branches d'un ormeau -d'aucuns disent au creux d'un vieil olivier - sous un auvent de lierre, elles avaient placé une petite statue de la Vierge, réplique de celle qui était vénérée dans la vieille chapelle de Fourvière, et souvent venaient s'y recueillir. A quelque temps de là, cédant à leur respectueuse insistance, Mgr Pavy fit aménager en ce lieu une grotte artificielle de rocailles et de coquillages pour abriter " Notre-Dame-du-Ravin " et inaugura solennellement le modeste oratoire. Rapidement le sanctuaire devint un lieu de pélerinage, orné de cierges et ex-voto, de médailles militaires, de béquilles, manifestant la reconnaissance des fidèles, qui montaient surtout du faubourg Bab-el-Oued et de Saint-Eugène. Mais le rêve obstiné de Marguerite Berger n'était rien moins que d'édifier une grande église de Notre-Dame d'Afrique, protectrice d'Alger et de l'Algérie, comme Notre-Dame de Fourvière au-dessus de Lyon. Elles finirent par convaincre Mgr. Pavy. Dans une première étape, en septembre 1857, le prélat fit construire, sur le plateau du promontoire dominant la mer de plus de 120 mètres, un sanctuaire provisoire abritant une statue en bronze de la Vierge, offerte dès mai 1840 à Mgr Dupuch par les dames du Sacré-Coeur.