le peuple polonais appelle couramment la Sainte Vierge « Mère de mon coeur » (serdeczna Matke) mais ce tendre amour ne devient jamais familiarité indiscrète. La Mère des coeurs ne cesse pas pour un instant, dans la conscience du peuple, de jouir des ineffables prérogatives de sa divine maternité. Elle n'est « notre mère » que parce que, d'abord, elle est « Mère de Dieu », Matka Boska. Ce respect interdisait pendant longtemps et dans certaines provinces de donner aux petites filles le nom de Marie. Par antonomase on les appelait Maria-Anna. En négociant le mariage de Marie de Gonzague avec le roi Polonais Ladislas IV, l'ambassadeur de France, comte de Brégyn, écrivait en juillet 1645 : « la fiancé royale devra changer de nom pour les fêtes du couronnement, car les polonais n'admettent point d'autre reine Marie en dehors de celle dont la vision protectrice protège parfois leurs armées du haut des nuages.» Plus tard, Marie-Joséphine de Saxe, a décliné carrément le titre de reine de Pologne dans les rites du couronnement en disant « que ce tire ne revenait qu'à Marie, Reine du ciel ». Il fallait donc que l'attribution de cette royauté fût très exclusive pour qu'elle obligeât à réfléchir des princesses de sang royal et leurs porte-parole ! En effet, de temps immémorial, le peuple polonais n'admet qu'une « Reine de Pologne » : Marie, et il veille jalousement que personne n'usurpe ce titre.