Moi peintre ? Hélas ! je peins comme un enfant épelle,
Et l'humble artiste court au choeur de la chapelle.
Là, seul dans le silence, il se plaint à demi
À Jésus son sauveur, son maître, son ami,
Son frère. - « Ô vous, son Fils tout-puissant auprès d'elle
Donnez-moi le génie, ou du moins un modèle.
Son visage éblouit vos anges dans les cieux
Et je veux, moi, mortel, pécheur audacieux,
Fondre dans un rayon de couleur éphémère
Son sourire de Vierge et sa beauté de mère ! »
Angélico revint à son travail béni,
Mais son tableau, divin chef-d'oeuvre, était fini.
Le visage, humble et doux, souriant et sévère,
Reflétait à la fois la crèche et le Calvaire :
Par la main d'un artiste invisible, achevé,
Et tel qu'Angélico l'avait toujours rêvé,
S'unissant à merveille aux plis mouvants du voile.
Et l'Ange, alors, sourit dans le coin de la toile
Comme pour dire : « Ami, c'est moi, c'est mon secret. »
Et là, devant sa toile, Angélico pleurait.