Il me semble que l'attitude de la Vierge durant les mois qui s'écoulèrent entre l'Annonciation et la Nativité est le modèle des âmes intérieures, des êtres que Dieu a choisis pour vivre au dedans, au fond de l'abîme sans fond. Dans quelle paix, quel recueillement Marie se rendait et se prêtait à toutes choses ! Comme celles qui étaient les plus banales étaient divinisées par elle, - car à travers tout, la Vierge restait l'adorante du don de Dieu. Cela ne l'empêchait pas de se dépenser au dehors lorsqu'il s'agissait d'exercer la charité ; l'Evangile nous dit que « Marie parcourut en toute diligence les montagnes de Judée pour se rendre chez sa cousine Elisabeth ». Jamais la vision ineffable qu'elle contemplait en elle-même ne diminua sa charité extérieure, car si la « contemplation s'en va vers la louange et vers l'éternité de son Seigneur, elle possède l'unité et ne la perdra pas ».