La Madone a voulu se faire toute à tous. Pour l'amour de ses enfants elle a renoncé à sa majesté céleste. « Rarement, ajoute le missionnaire, j'ai vu un homme mourir plus content que ce pauvre lépreux. Et quand, le lendemain, j'installai dans la chapelle cette Madone endommagée et que je la bénis, je n'eus pas besoin de réfléchir longtemps à ce que j'allais dire. Je racontai brièvement l'histoire de ma chute, de mon indécision et de ma résolution. Je parlai longtemps: c'était un autre qui parlait en moi. Je sentis leur attention durant plus de deux heures. Et j'ignore s'il est jamais monté vers la Madone consolatrice des affligés, salut des malades, des prières plus ardentes. Nous priions ensemble sans livre, sans formule. C'était un mois de Marie du premier grand amour. Depuis, je ne puis jamais prêcher l'ouverture d'exercices en l'honneur de la T. S. Vierge Marie, sans me souvenir de cette circonstance, pour apprendre de Marie, la miséricorde, car Elle s'oublie elle-même pour vaincre la misère de la terre dans sa tendresse maternelle. Quoique nous soyons devant elle, tous, des créatures atteintes de la lèpre du péché, puisse-t-elle se pencher vers nous comme la Madone de Molokai, quand nous exerçons la miséricorde ! »