Mais que reçoit-elle? Quoi? Comme les apôtres le don des langues, le don des miracles, le don de prophétie, le don de science, et les autres qui leur furent nécessaires à l'établissement de la religion? Tout excellents que sont ces dons, ils sont au-dessous de Marie! Elle doit contribuer plus que tous les apôtres, et tous leurs successeurs dans le saint ministère, à établir, à étendre le règne de son Fils. Mais ce ne sera point la voie de la prédication et des prodiges. Ce sera par l'ardeur de ses voeux, et par l'incomparable vivacité de son amour. Oui, ce sera cet amour pour son Fils, et pour les hommes devenus ses enfants, qui servira plus au progrès du christianisme que tous les travaux des apôtres et des ministres de l'Eglise. Les apôtres et les ministres de l'Eglise ne seront que des instruments particuliers; Marie sera un instrument universel : mais un instrument caché, un instrument qui n'agira point au dehors, et dont toute la vertu ne se déploiera que par des effets intérieurs. L'humilité de Marie aurait trop souffert si elle eût servi l'Eglise autrement. Ses prières obtiendront le succès au ministère des apôtres; et de son vivant on ne lui attribuera rien; elle disposera de toutes les grâces de son Fils; et l'on ne pensera point à elle. Je ne puis m'empêcher d'admirer ici à quel point Dieu ménage et respecte l'humilité de Marie, sa vertu favorite. Ô humilité, que vous êtes précieuse à Dieu, puisque vous êtes si chérie de la Mère de Dieu !